- GALEN (C. A. von)
- GALEN (C. A. von)GALEN CLEMENS AUGUST VON (1878-1946)Ecclésiastique allemand doté d’une très forte personnalité, d’une foi rayonnante et d’un caractère indomptable, C. A. von Galen exerça d’abord son ministère à Berlin de 1906 à 1929. Son antinazisme lui viendra de cette époque. Il fut ensuite curé de Münster puis évêque de cette ville de Wesphalie (1933).Surnommé le «Lion de Münster», Mgr Galen est l’opposant le plus résolu à l’hitlérisme au sein de l’épiscopat allemand. Ses prises de position, dont la hardiesse est encore accusée par le climat de terreur et de consentement général à l’entreprise nationale-socialiste, même au sein de l’Église, en font le symbole d’une résistance vieille-allemande et catholique. Chaque dimanche, Mgr Galen prêche dans l’église Saint-Lambert de Münster pleine de fidèles, gardant son franc-parler, sans que la Gestapo ose intervenir. Le 1er mai 1934, apprenant l’interdiction faite aux jeunes nationaux-socialistes de continuer à appartenir aux organisations catholiques, il télégraphie à Hitler en le priant d’annuler cet ordre, «afin que ne soit pas permise l’exclusion hors de la communauté allemande de tant d’Allemands loyaux et dévoués à l’œuvre de reconstruction». En juillet de la même année, la tension entre l’Église catholique et le nazisme grandissant, il déclare que, si un accord n’intervenait pas, l’Église devrait condamner, comme dans le cas de l’Action française, les doctrines néo-païennes qui mettent en péril la moralité et la foi des catholiques allemands. Il faudrait alors interdire aux fidèles d’appartenir à des organisations, de participer à des réunions qui les mettraient dangereusement en contact avec ces hérésies.En juillet 1941, il condamne l’euthanasie hitlérienne. Dans un sermon, qui aura d’immenses répercussions, il rappelle qu’en citoyen respectueux des lois il avait porté plainte par lettre recommandée auprès du procureur du Reich du tribunal régional de Münster et du préfet de police de la même ville contre le meurtre de malades mentaux, car, selon l’article 139 du Code pénal: «Celui qui a connaissance réelle d’un projet d’assassinat et omet d’en aviser soit les autorités, soit la personne menacée elle-même, en temps voulu, sera puni.» Il n’y avait eu aucune intervention du parquet ni de la police, rappelle-t-il. Donnant des détails sur ces meurtres de malades mentaux, Mgr Galen souligne comment le nazisme ne cesse de violer les commandements de Dieu, et comment, depuis plusieurs années, Jésus pleure sur cette Jérusalem qui profane son message. Des copies de ce sermon sont distribuées à travers l’Allemagne et sur le front. Werner Mölders, l’un des héros de l’aviation allemande, décoré quinze jours auparavant par Hitler et fervent catholique, entend le sermon et proteste par voie officielle. Quand Göring apprend que Mölders doit faire l’objet de sanctions pour s’être associé aux «opposants», il adresse à son tour une protestation à Hitler.La demande de Bormann et de Himmler de «pendre l’évêque ou au moins l’envoyer dans un camp de concentration» n’aura pas de suite, Hitler estimant, avec Goebbels, qu’elle entraînerait la «perte» de la Westphalie catholique.Après la guerre, Pie XII, qui estimait Galen, le fait cardinal quelques semaines avant sa mort.
Encyclopédie Universelle. 2012.